1 juil. 2024
La diversification progressive du secteur minier favorise les opportunités pour les entreprises
Le secteur minier représente au Gabon environ 6% du PIB, 9% des exportations du pays et 7% de l'emploi privé.
Après les premières expéditions de recherche d’or dans les années 30, l’exploitation de l’uranium a débuté en 1961 pour durer une quarantaine d’années avec une production totale de 26 600 tonnes de minerais. Avec l’exploitation du manganèse à partir de 1962, le secteur est resté longtemps concentré autour de ces trois minerais.
La mise en production de la mine de fer de Bélinga en 2023 marque l’avènement d’une réelle diversification des types de minerais exploités, d’autant qu’à la faveur d’une politique volontariste, les projets d’exploration minière sont nombreux et répondent à une demande mondiale en lien avec la transition énergétique. Les opportunités sont donc considérables dans ce secteur d’avenir pour le Gabon.
L’exploitation du manganèse, de l’or et du fer
Le manganèse
L’industrie minière gabonaise, très largement portée par la production de manganèse, a été particulièrement dynamique ces dernières années et bénéficie des investissements importants des opérateurs (163 milliards de FCFA en 2023, en hausse de 23,5% par rapport à 2022). Cette tendance haussière n’a néanmoins pas été confirmée en 2023 avec un léger recul de la production gabonaise, à 9,9 millions de tonnes (-2,5%) en raison notamment de difficultés logistiques liées au transport ferroviaire.
Comilog, filiale de la société française Eramet, produit à elle seule près des trois quarts du manganèse gabonais et l’entreprise est devenue le premier producteur mondial de manganèse à haute teneur. Le reste de la production de manganèse est effectuée par le chinois CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou), et NGM (Nouvelle Gabon Mining), filiale du groupe indien Coalsale Group.
L’or
Le sous-secteur connait une évolution favorable depuis quelques mois. En effet, avec la promesse de régularisation des artisans locaux et le déploiement de comptoirs d’achat de l’or, les autorités ont levé en septembre 2023 la suspension des activités d’orpaillage, de recherche et de production d’or des exploitations artisanales qui courait depuis septembre 2018.
Début 2021, une réserve stratégique d’or en République Gabonaise a été créée afin « d’assurer les avoirs extérieurs du Gabon dans la réalisation de certaines opérations courantes, de réaliser une consignation légale et de réaliser sur les marchés extérieurs toute opération financière autorisée par la République Gabonaise », selon le projet d’ordonnance. Dans ce même ordre d’idées, la première raffinerie d’or (ROG) en Afrique centrale est entrée en production en juin 2023 au sein de la Zone d’investissements privilégiés de Nkok, ambitionnant la transformation dans son usine de la totalité de l’or extrait au Gabon, avec une capacité de 7 à 10 tonnes par an.
L’or représente moins de 1% des exportations totales du pays, mais cette part est en progression constante. Les ventes d’or brut à l’export ont atteint 43,93 milliards FCFA en 2022, en augmentation continue et particulièrement importante en 2022 (+420% en valeur), soit 1 367 kgs exportés pour l’année considérée contre 219 kgs en 2021 (DGDDI – Commerce extérieur et résultats de la fiscalité douanière 2022).
Le fer
Le développement de ce sous-secteur connait une accélération récente après des années d’atermoiements : la phase de production pilote du fer gabonais a été lancée en 2023 sur le site de Bélinga, par Ivindo Iron, société d’exploitation du projet, détenue par le gouvernement gabonais (10 %), l’australien Fortescue Limited (72 %) et African Transformation and Industrialisation Fund Limited (18 %). Les travaux d’exploration devraient se poursuivre jusqu’en 2026, avec la réalisation d'études techniques et environnementales en vue d'une éventuelle exploitation à grande échelle.
De plus, début 2024, la société Reminac, filiale de l’australien Genmin, a obtenu le permis d’exploiter le fer pour une durée de 20 ans sur le site de Baniaka dans le sud-est du pays. L’entrée en production pourrait être effective mi-2025.
L’exploration des autres minerais, dont les minerais critiques
Les minerais aux propriétés remarquables pouvant entrainer des impacts industriels ou économiques négatifs si leur approvisionnement devenait difficile dans le contexte de la transition énergétique sont qualifiés de critiques. La demande mondiale pour ce type de matières est exponentielle et devrait être multipliée par 3,5 d’ici à 2030 (Critical Minerals Market Review – Inaugural Edition, IEA 2023).
Le potentiel minier gabonais est large de nombreux minerais critiques encore inexploités sur son territoire mais pour lesquels la demande mondiale s’intensifie au fil de l’avancement des politiques de transition énergétique dans les pays industrialisés. Certains de ces minerais font l’objet de prospection à travers des permis accordés à des sociétés minières dont l’australienne Azingo (fer, or et cuivre), Armada Metals (Nickel, cuivre, cobalt, platine), la junior australienne Apollo Minerals (zinc-plomb), le français Héling Minerals (sable minéralisé).
Acteur à part entière du secteur minier, la Société Equatoriale des Mines (SEM) détient et gère les participations de l’Etat dans les sociétés minières. Elle est également chargée de développer la transformation locale des substances minérales extraites et de commercialiser des substances précieuses. La SEM exploite par ailleurs ses propres titres miniers et porte plusieurs projets, à la recherche de partenaires, pour l’exploration de différents minerais critiques (Niobium, phosphates, terres rares, tantale, Uranium, Platine, nickel, cuivre, chromate, barite et molybdène).
Les développements attendus du secteur
La vision stratégique du secteur repose sur l’amélioration de la gouvernance, la gestion et le contrôle des activités minières et la valorisation du potentiel minier. L’implication de l’Etat dans le secteur, en tant qu’acteur à travers la SEM, mais également en qualité d’Autorité souveraine se renforce donc peu à peu, afin de créer une chaîne de valeurs sectorielle sécurisée. Cette stratégie répond non seulement à une demande mondiale en forte croissance, source d’opportunités importantes dans un pays qui regorge de ressources minières, mais elle permettra également d’apporter une valeur ajoutée à l’économie gabonaise à la recherche de diversification.
Ainsi, au-delà de la mine elle-même, le développement d’infrastructures de transport devient urgent pour l’évacuation du minerai à l’export. Les besoins sont importants et les projets nombreux : construction de trois ports reliant Libreville, Port-Gentil et Mayumba, une voie ferrée raccordant Bélinga à la voie ferrée existante en cours de modernisation, entre autres. La création d’un Observatoire des risques miniers (mi-mai 2023) devrait permettre une meilleure collaboration des services de l’Etat, des organismes privés et des partenaires internationaux dans l’évaluation et la prévention des risques liés à l’exploitation minière. L’accompagnement de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) offre par ailleurs un soutien essentiel dans la gouvernance sectorielle.
Source : Project Data Sheet and SEM Teaser – SEM - 2023