1 oct. 2024
Les projets d’infrastructures au Gabon
Le développement des infrastructures au Gabon est incontournable pour soutenir une croissance durable. Les infrastructures de transport, d’énergie, de santé, d’éducation, de logements ou encore de télécommunications nécessitent, malgré des progrès déjà réalisés, un déploiement intensifié afin de répondre aux besoins engendrés par la volonté de diversification économique du pays, mais également pour répondre aux besoins sociaux exprimés largement par la population.
Le poids de la gouvernance passée, couplé à la difficulté de mise en œuvre des financements disponibles, n’ont pas toujours permis d’entretenir les ouvrages existant dans les règles de l’art, ou de mettre en place de nouveaux projets pourtant essentiels.
Les opportunités dans le développement des infrastructures sont aujourd’hui importantes au Gabon, et le gouvernement gabonais est disposé à recevoir les propositions des entreprises internationales qui bénéficient d’un savoir-faire adapté et qui répondent aux besoins du pays.
La politique publique en faveur des infrastructures
La politique économique menée par l’Etat gabonais est centrée autour de la diversification de son économie dans un cadre de développement durable, avec un axe fort qui part de l’amélioration des infrastructures en vue du soutien à une croissance économique plus résiliente et inclusive, en réduisant progressivement la dépendance à l’industrie pétrolière.
Le cadre défini au sein du PNDT (Plan National de Développement pour la Transition 2024-2026) s’articule ainsi autour de la mise en œuvre de projets structurants à fort impact sur le développement socio-économique du pays. Son premier pilier est d’ailleurs le développement des infrastructures stratégiques, avec la priorité donnée à la modernisation des infrastructures de transport, de l’énergie, de l’eau potable, du sport et de la jeunesse, et du logement.
Les projets et chantiers en cours (non exhaustif)
Plusieurs projets d’envergure ont déjà été lancés et sont en cours de réalisation en vue d’améliorer les infrastructures. Le pays cherche à renforcer la collaboration du format public-privé pour répondre aux besoins croissants en installations modernes.
La route et le transport : Le Gabon dispose d’un réseau routier long de 10 384 kms dont environ 20% est bitumé. Parmi les projets prioritaires, des études sont prévues pour la réalisation de plusieurs sections de routes nationales, l’aménagement ou la réhabilitation de routes nationales, l’achèvement de chantiers en arrêt et la modernisation globale du réseau routier. L’un des projets emblématiques de l’Etat est celui de la route Transgabonaise, lancé en septembre 2020, qui relie Libreville à Franceville (780 kms). Il est réalisé dans le cadre d’un Partenariat Public privé (PPP) entre l’Etat gabonais, Arise et Méridiam.
Le projet de construction de la voie périphérique sud « Owendo ByPass », porté par Rise Gabon via sa société de projet SAGL (Société d’Aménagement du Grand Libreville), vise à désengorger la capitale Libreville, facilitant le transport de marchandises. Rise Gabon, filiale du FGIS (Fonds Gabonais d’Investissement Stratégique) créée en partenariat avec la Banque Islamique de Développement, est un fonds d’investissement pour le développement des infrastructures au Gabon.
Le Gabon est par ailleurs engagé dans plusieurs projets ferroviaires ambitieux en vue de moderniser et étendre son réseau de voies ferrées pour soutenir les secteurs minier et logistique :
PRN (2016-2027) : projet de remise à niveau du Transgabonais financé par l’Etat gabonais, l’opérateur SETRAG (filiale Eramet-Etat gabonais-Méridiam) et l’Agence Française de Développement-Proparco-SFI.
PSAC29 : augmentation de la capacité de transport du Transgabonais à 29 millions de tonnes d’ici 2029. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de construction de la nouvelle voie ferrée Komo-Ogooué Railway (KOR), porté lui aussi par Rise Gabon, qui reliera la région minière du nord-est du Gabon (Bélinga) au futur port en eaux profondes de Mayumba.
La stratégie infrastructurelle du gouvernement dans le secteur maritime est orientée vers la restauration et le renforcement de l’action régalienne en matière de gestion portuaire et la mise en conformité des installations portuaires. À Port-Gentil, la capitale économique du pays, AGL (Africa Global Logistics Gabon) prévoit la construction d'un chantier naval et renforce ses capacités opérationnelles à Owendo afin de faire du terminal à conteneurs d’Owendo en un hub régional performant, en mesure de répondre aux besoins croissants des industries extractives. NOIP (New Owendo International Port /Arise Ports & Logistics - Stoa Energy - État gabonais via Caisse des Dépôts et Consignations) continue quant à lui son développement à travers la signature d’accords stratégiques, dont récemment avec la société minière Africa Mining Development (AMD) et les Sucreries du Gabon.
Le projet de construction du port minéralier de Mayumba, qui pourrait gérer à terme un flux de 60 à 100 millions de tonnes de minerais par an, est quant à lui porté par la société de projet Grande Mayumba Development Company (GMDC – PPP Etat gabonais- SFM Africa Limited).
Le secteur aéroportuaire, qui vient de voir la naissance d’une compagnie aérienne nationale, Fly Gabon, est stratégiquement orienté vers l’amélioration de la sécurité, de la sûreté et de la facilitation du transport aérien, ainsi que vers le renforcement de l’infrastructure de la navigation aérienne et des aérodromes. L'un des projets majeurs concerne la rénovation de quatre aéroports provinciaux : Makokou, Oyem, Port-Gentil et Franceville. Inscrite dans les projets prioritaires du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), la construction d’un nouvel aéroport à Andeme (situé à une soixantaine de kilomètres de Libreville), tout comme la création d’une ville nouvelle dans la même zone, « Libreville 2 », sont des projets d’envergure dont la réalisation est pour le moment moins concrète.
Le potentiel énergétique du Gabon n’est plus à démontrer (Cf. Newsletter 2AD Consulting du mois de août 2024) et la politique stratégique de l’Etat dans ce secteur est axée autour de l’accroissement de l’accès aux services de l’électricité et de l’eau par la mise en place des infrastructures manquantes avec la promotion de leur durabilité. Les grands projets en cours ou en préparation vont en ce sens :
Centrales thermiques IPP de Mayumba et Owendo
Projets de centrales solaires à Makokou, Mouila, Ayémé
Centrales hydroélectriques de Kinguélé Aval, Booué, Ngoulmendjim, Dibwangui etc.
Pour bon nombre de ses projets structurants, l’Etat gabonais fait appel à ses partenaires bailleurs de fonds bi et multilatéraux, mais adopte également le format des PPP.
Le soutien des bailleurs
Le Gabon bénéficie du soutien continu des bailleurs pour le développement de ses infrastructures. La Banque Africaine de Développement est l’un de ses partenaires majeurs dans le financement des infrastructures notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie et des infrastructures sociales à travers le PASIG (Programme d’appui au secteur des infrastructures du Gabon) et le PIEAPAL (Programme intégré d’alimentation en eau potable et assainissement de Libreville).
La Banque Mondiale intervient quant à elle via ses filiales l’IDA (International Development Association), la BIRD (Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement) et la SFI (Société Financière Internationale) en faveur des infrastructures routières, de santé, et de l’éducation, tout en proposant un soutien au renforcement de la gouvernance dans les secteurs concernés.
La BEI (Banque Européenne d’Investissement) a récemment marqué sa volonté d’accompagner le Gabon dans sa stratégie de développement des projets structurants et pourrait se positionner prochainement sur les infrastructures routières, ferroviaires, et de développement urbain.
L’Agence Française de Développement (AFD) est également active au Gabon dans le secteur des infrastructures de santé et d’éducation, également du transport ferroviaire à travers sa filiale Proparco.
La banque chinoise EximBank est par ailleurs un partenaire clé dans le financement des opérations d’infrastructures au Gabon par l’octroi de prêts concessionnels et d’investissements directs sur des projets d’ampleur. D’ailleurs, plusieurs accords, à hauteur de 4,3 milliards USD, sous la forme de projets en financement concessionnel, projets PPP et projets d’investissements privés, ont été signés par le Gabon et la Chine en marge du FOCAC 2024 (Forum sur la Coopération sino-africaine) lors du 2ème forum économique Gabon-Chine le 3 septembre dernier. Ces financements sont orientés principalement vers les secteurs des infrastructures, de l’agriculture, de l’hydroélectricité et des mines.