1 avr. 2024
La recomposition du secteur pétrolier en faveur d’une plus grande implication de l’Etat gabonais, acteur à part entière.
La production de pétrole au Gabon : vers une stabilisation
La production pétrolière au Gabon, débutée en 1956, connait un déclin tendanciel depuis une vingtaine d’années. Après un pic de production en 1997, avec un plafond record de 18,56 Mt (soit 330 000 barils/jour), la production s’est légèrement affaiblie au fil des ans en raison de facteurs géologiques, règlementaires et en lien avec le contexte économique international.
Néanmoins la production, caractérisée par l’exploitation de champs matures, reste conséquente avec environ 220 000 barils produits chaque jour (5ème rang en Afrique Sub-saharienne). Le Gabon dispose de 2 milliards de barils de réserves prouvées, soit environ 25 années de réserves. Même si le pays n’a pas connu de découvertes notables depuis une vingtaine d’années, des champs secondaires continuent de faire l’objet d’exploration. Une stabilisation de la production est prévisible à court et moyen terme en raison de la relance de l’exploration soutenue par les conditions favorables du marché pour la production gabonaise depuis 2021.
Près de 90% de la production gabonaise est exportée, en majorité vers l’Asie (près des deux tiers) puis l’Europe pour environ un tiers.
La redistribution des cartes en faveur de l’Etat
Parallèlement à la recomposition du secteur entre 2017 et 2021 (départ de Shell, revente d’actifs de Total, montée en puissance de Perenco qui produit à lui seul la moitié du pétrole gabonais), l’Etat gabonais a développé une stratégie de réappropriation progressive de la gestion de ses ressources naturelles.
Menant une politique en faveur de l’utilisation des sous-traitants locaux, l’Etat a ainsi renforcé le principe du local content dans le code des hydrocarbures adopté en 2019, en complément du code du travail qui exige un minimum de 90% d’employés locaux. Mi-Mars 2024, la mise en place de la CEPAG (Convention des entreprises pétrolières autochtones du Gabon), structure chargée de la promotion des entreprises locales du secteur pétrolier, de la formation et du développement des entreprises de services, offre un cadre qui pourrait permettre de valoriser l’activité des sociétés gabonaises notamment dans les champs matures.
Le gouvernement de transition a accéléré la démarche de renforcement du rôle de l’Etat en tant qu’acteur du secteur pétrolier, démarche préalablement initiée avec la création en 2011 de la GOC (Gabon Oil Company). Chargée de la gestion des participations de l’Etat dans le secteur pétrolier, la GOC a longtemps souffert de difficultés structurelles et produit environ 15 000 barils/jour. L’entreprise étatique pourrait aujourd’hui devenir le 2ème producteur de pétrole au Gabon derrière Perenco, après le récent rachat des actifs d’Assala (50 000 barils/jour), filiale de l’américain Carlyle International Energy Partners Group, et la rétrocession de l’unique permis d’Addax Petroleum, filiale du chinois Sinopec (6 000 barils/jour) dont le CEPP est arrivé à échéance le 12 mars dernier.