1 nov. 2024
Dynamiques et opportunités dans le secteur agricole au Gabon
Le Gabon, riche en ressources naturelles, se trouve à un carrefour critique en matière de sécurité alimentaire, avec une dépendance alarmante à l'égard des importations alimentaires, représentant approximativement 60 % des denrées consommées dans le pays. Cette situation, qui a coûté environ 450 milliards FCFA en 2022 selon le PNDT, résulte d'une combinaison de facteurs historiques, structurels et géographiques. Malgré une réserve relativement importante de terres arables (5,2 millions d’hectares) et un climat plutôt propice à certaines activités agricoles (mais peu favorable à d’autres, dont des cultures de base), la concentration historique sur les industries extractives a souvent relégué le secteur agricole au second plan, exacerbant ainsi la vulnérabilité du pays face aux fluctuations du marché international.
Dans ce contexte, le Gabon est confronté à des défis considérables, notamment liés aux infrastructures routières et agricoles insuffisantes, au coût élevé des intrants, et à un manque de personnel qualifié. Le conflit homme-faune est également une difficulté supplémentaire dans certaines régions.
Cependant, les évolutions des habitudes de consommation et l’urbanisation croissante ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement du secteur. Alors que le pays cherche à renforcer sa souveraineté alimentaire et à diversifier ses sources de production, des opportunités d'investissement émergent, portées par des politiques gouvernementales et les initiatives des bailleurs de fonds.
Chiffres Clés de la production agricole
En 2023, l’agriculture vivrière et le maraîchage demeurent structurellement faibles, le sous-secteur faisant face à plusieurs freins, dont des limitations pour l’extension des terres agricoles, des difficultés d'approvisionnement en intrants, la concurrence accrue du Cameroun voisin qui produit de grands volumes et reste ainsi plus compétitif sur le marché local. Si l’activité de négoce du cacao et du café a enregistré des résultats globalement en hausse en 2023, la filière, supervisée par la CAISTAB (Caisse de Stabilisation et de Péréquation), dépend des interventions étatiques.
La filière de l’huile de palme brute a connu parallèlement une baisse de performances agro industrielles en raison de grèves dans plusieurs plantations et celle du caoutchouc naturel a affiché des résultats contrastés. La production de caoutchouc humide a bien progressé grâce aux performances d’Olam Rubber Gabon (ORG) et ce, malgré les difficultés financières et les grèves chez ABG (Agro Business Group au sein duquel l’Etat gabonais a pris une participation de 35% en juillet dernier).
La filière élevage est limitée à quelques exploitations, dont l’élevage bovin dans la Nyanga et la ferme avicole de Port-Gentil qui ont affiché des résultats contrastés en 2023 : Le cheptel bovin a en effet progressé depuis la reprise du ranch par la Grande Mayumba Agribusiness Company (PPP entre la République gabonaise et SFM Africa), mais les ventes de viande ont chuté de 75,9 % à 4 tonnes, conséquence de la politique de reconstitution du cheptel avec une réduction des abattages. La production avicole est quant à elle plutôt dynamique grâce au contexte favorable pour les petites unités informelles.
Les importations agricoles
A l’importation, les principaux fournisseurs de produits alimentaires au Gabon sont la France pour de nombreux produits transformés et des céréales, le Cameroun pour des produits frais et vivriers, le Brésil pour des viandes, le Maroc pour des légumes, des fruits et des produits transformés, mais également les Etats-Unis et les autres pays de l’Union Européenne.
Il est à noter que le Gabon dépend à plus de 90% de l’étranger pour ses besoins en céréales :
Source : Banque Mondiale, Prosperity Data360, 2020
Politique de l’État et initiatives des bailleurs
Pour encourager le développement agricole, le gouvernement gabonais a par le passé mis en place des politiques visant à promouvoir l’agriculture durable et à renforcer les filières stratégiques, avec des résultats mitigés. Le projet GRAINE (Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés), fruit d’un PPP entre l’Etat gabonais et le groupe Olam lancé fin 2014, a effet fait face à de nombreuses difficultés, jusqu'à la dissolution de la SOTRADER, société pilote du projet, en 2024.
Depuis fin 2023, le Plan National de Développement de la Transition (PNDT) axe la politique sectorielle sur le renforcement de la souveraineté alimentaire du pays et le développement de filières exportatrices par :
La cartographie des terres agricoles rurales,
Le développement d’un système de semence performant,
La structuration des acteurs agricoles,
L’amélioration des conditions d’exploitation.
L’Etat a mis en place en mai 2024 la SAEG (Société pour l’Agriculture et l’Elevage du Gabon), dont le capital est détenu à 100% par la Caisse des Dépôts et Consignations, afin de redynamiser le secteur.
En parallèle, les bailleurs de fonds tels que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) jouent un rôle actif en soutenant les initiatives visant à améliorer la productivité agricole, moderniser les infrastructures et renforcer la résilience du secteur face aux changements climatiques.
Par ailleurs, le Gabon a créé des ZAP (Zones Agricoles à forte Productivité) en 2020, au format PPP Etat gabonais / groupe indien AOM International depuis 2023, avec l’objectif initial ambitieux d’une production locale de plus de 50 % de la consommation alimentaire d’ici 2025. Les cinq ZAP existantes disposent d’un total de 285.000 ha de terres arables, la zone d’Andem étant déjà divisée en parcelles de 1 à 1 000 hectares, cadastrées et sécurisées.
Opportunités d’investissement et perspectives
Le potentiel et les besoins du secteur agricole au Gabon ouvrent la voie à des opportunités intéressantes pour les entreprises. En effet, eu égard au contexte local, le potentiel de développement et de diversification des cultures est important, avec une orientation durable pour ce marché en pleine expansion. Les projets d’industrialisation de la chaîne de valeur agricole, y compris la transformation des produits locaux, sont encouragés, avec leur préalable de développement des infrastructures sectorielles, notamment les installations de transport, de stockage et de chaîne du froid. Investir dans des programmes de formation pour les agriculteurs et les jeunes s’avère par ailleurs nécessaire afin d’améliorer les pratiques agricoles et augmenter la productivité, tout en contribuant à la durabilité du secteur, d’autant que les projets axés sur l'agroécologie et la durabilité trouveront un écho favorable localement.
Des projets portés par l’Etat gabonais comme «Gabcompost» pour la valorisation des déchets agricoles et des biodéchets (à travers l’Agence Nationale de Promotion des Investissements - ANPI) ou encore le projet de fermes-écoles et la formation continue des agripreneurs, le projet de digitalisation de l’agriculture en milieu paysan ou la création de légumeries-conserveries solidaires, soutenus par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), sont autant d’initiatives dont le potentiel mérite d’être exploré.
2AD Consulting est à votre disposition pour vous orienter sur les opportunités du secteur agricole au Gabon. Contactez-nous à 2ad.consulting.lbv@gmail.com pour toute demande d’information.